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samedi 23 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #10 : fin de l'histoire...

Réveil samedi matin vers 5h, soit 4h de sommeil avant le voyage de 30h, voilà une stratégie gagnante...

Préparation de tout le bordel de 7h à 8h30, petit déj., dernière balade dans Nouméa ensoleillé en Clio vers le rendez-vous du départ. Claude est là pour récupérer la Clio mais c'est un autre collègue qui va m'acheminer vers la Tontouta.

Claude, lui, ne prend pas l'avion. Non, il va plutôt faire 2 heures de pirogue tahitienne dans le lagon... C'est agaçant. Il m'explique son projet d'économiser pour construire une maison sur son île des Pins et vivre là-bas pour toujours. Ça me semble raisonnable. Il me propose de m'accueillir avec femme et enfants dans sa tribu pour mon prochain voyage. Vraiment sympa ce Claude... Un au-revoir à la mode Île des Pins (c'est pareil que bonjour...) et c'est le départ pour l'aéroport.

12h à la Tontouta, on embarque. J'ai lié connaissance avec un alsacien qui a passé la même semaine que moi sur place. Lui est venu pour dispenser une formation et a donc travaillé toute la journée de lundi à vendredi !!! Il n'a vu que la salle de formation et son hôtel... même pas un bain !!! C'est monstrueux. Ça ne semble pas l'ennuyer plus que ça. Il va à Nouméa comme on va à Aix, Besançon ou Bordeaux... et d'ailleurs il est payé pareil...

Sinon, voyage classique, place couloir. Légère somnolence, mais je me concentre pour ne pas trop dormir, au profit du Tokyo-Paris, pour lequel je vais tenter pour la première fois un Stilnox que Mme Dédé m'a donné hier soir...

Néanmoins un petit désagrément en milieu de vol : le japonais à côté de moi est allé se prendre un bol de nouilles chinoises (qui sentent fort la nouille chinoise) et les avale goulûment en faisant un bruit de succion monstrueux. Au bout de 3 ou 4 bouchées, je le sens, je vais lui vomir dessus. Mes regards insistants, mon air fortement dégoûté ne changent rien : il continue de slurper à mort. Miracle, il finit par terminer son bol avant l'irréparable...

2h à Tokyo, un peu de wifi, les yeux chauds de toute cette fatigue accumulé et c'est parti pour 13h30 d'avion (dont 12h45 de vol) vers Paris. J'ai demandé une fenêtre pour ne pas être dérangé/enjambé lorsque je dormirai, sous l'effet du magique Stilnox...

Coup de bol, je suis TOUT au bout de l'avion, soit la rangée 48 sur le Boeing 777-300. Et ces places ont deux particularités, sachez-le si vous prenez cet avion :
- la largeur de l'appareil s'amenuisant, il n'y a plus de place pour 3 fauteuils côté fenêtre, mais seulement 2,5 à peu près. Donc il y en a 2 et on a... 1,25 fois plus de places qu'ailleurs. Ça concerne les 5 ou 6 derniers rangs ;
- comme dans tous les avions, les stats sont formelles : la proximité avec la queue est proportionnelle aux chances de survie. Bien fait pour les classes affaire...

2h après le décollage, le repas est fini, le plateau débarassé, je recule mon siège, mets les bouchons anti-bruit et c'est empli d'un espoir immense que j'avale la pilule précieuse, clé d'un repos certain, le Stilnox sacré.

Je dors... 4h. Pas mal, mais pas la folie non plus. On m'avait dit : "Tu le prends, tu tombes et d'un coup t'es à Paris" ou encore "Gare, tellement tu dors que tant tu repars à Tokyo", etc. Bon, je suis un peu déçu. Il reste 6 heures, il va falloir se mater un paquet de navets sur l'écran 3 pouces avec le réacteur en bruit de fond derrière les écouteurs...

4h et quelques. On atterrit à Paris... puis on roule, on roule, on roule... Peut-être qu'on va prendre l'autoroute jusqu'à Marseille ?

Non, finalement, au bout d'une bonne demie-heure, on s'arrête et on débarque. 2 heures d'attente dans un CDG désert, sans bar ouvert. Plus déprimant qu'un album de Thiéfaine...

9h du matin : Marignane. Il est 18 heures à Nouméa dont on est parti la veille à 10h, il y a 32 heures... Et maintenant, il faut tenir jusqu'à ce soir... Ah, vraiment, il faut que je t'aime, Ô service public.

Tiens, j'ai un SMS... grosse panne au travail. Bon, la reprise souple pour demain, c'est raté, les affaires reprennent...

Il y a du mistral. Le ciel est bleu limpide, sans nuages. Les pins et les chênes kermès ont remplacé palmiers et mangrove... La Calédonie, c'est fini...

Épilogue/bilan :

- j'ai survécu
- 1 semaine, c'est sûr, c'est trop court... mais c'est beaucoup beaucoup mieux que rien...
- des images et des souvenirs dans la tête pour toujours
- vous raconter le voyage en direct sur le Net, c'était rigolo...
- vivre là-bas définitivement ? Je ne suis pas prêt.
- y aller pour 4 ans ? sacrément tentant...

C'était loin.
C'était bien...

Merci à tous les lecteurs et n'hésitez pas à laisser un commentaire (cliquez sur le lien "commentaires en bas du billet) si la série vous a plu. Qui sait, il y aura peut-être une saison 2 si le succès est là...

FIN.

G.

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #9 : derniers moments sur le caillou

Hier soir, je suis allé manger chez des copains qui sont là depuis 6 ans et 1/2 et qui vont s'installer en Australie dans 2 mois.

Délire quand je les ai appelé au téléphone : "C'est G. Je suis à Nouméa." "Non, arrête, c'est pas vrai !". C'est vraiment sympa et incroyable de se voir si loin de la maison.

On a plein de choses à se dire et on discute de la France, de leur expérience ici, de choix de vie. Une soirée bien sympa. Je les quitte à un déraisonnable 23h qui, je le sais, va me coûter cher...

Au lit à 12h10, je me réveille à... 4h20. Quel nul, je vais être ruiné demain dans l'avion...

J'ai les quadriceps et les mollets douloureux de la session d'hier... C'est pas grave...

Ce matin, je décide de parfaire ma connaissance de la culture kanak. Je vais voir le centre culturel Tjibaou dont l'objet est précisément la promotion de ladite culture.

Jean-Marie Tjibaou, leader indépendantiste, a eu le pouvoir en Nouvelle-Calédonie entre 1982 et 1984. Il est assassiné à Ouvéa en 1989.

Je suis demandeur d'infos sur la culture mélanésienne car je me suis aperçu tout au long de cette semaine à quel point le gap avec l'Occident est grand. Par exemple, j'ai appris hier soir que sur les îles Loyauté, il y a la loi française... et la loi coutumière, chacune avec leur tribunal. Selon la faute, les chefs coutumiers ont la possibilité de décider que c'est eux qui vont s'en occuper... En général, le coupable préfère, et de loin, les méthodes françaises... ça lui permet d'éviter le fouet et autres désagréments... Encore une fois, ça ne rigole pas. Et ça rigole d'autant moins que l'île est petite et donc moins développée...

Le centre est vraiment canon vu de dehors, fait par l'architecte Renzo Piano en 1998. C'est le même qui a fait le centre Georges Pompidou, il a bien progressé...



L'idée est à la fois de s'intégrer parfaitement au paysage (20/20 de ce côté-là), de représenter des cases kanak et d'exprimer un concept de non-fini, d'inachevé pour montrer que la culture kanak est encore en mouvement, en progression. Gros message donc, et pas mal réussi.

À l'extérieur a été aménagé un "chemin kanak" qui met à la fois en avant la végétation et explique les rapports proches des kanaks à cette dernière, et explique en 5 étapes le mythe kanak du 1er homme. Très beau parcours, dans la forêt et la mangrove.

À l'intérieur c'est moins rose. Une expo. sympa sur l'art mélanésien, un film et 2-3 bornes interactives, c'est sacrément léger. Dommage.

En partant, incroyable, sur le côté, une statue de moi, hyper-réaliste...



Il ne mentionne pas mon nom mais parle d'un géant au pénis monstrueux qui en voulant le planter dans la femme que tout les hommes du coin désiraient, a fendu la barrière de corail... Bizarre, je ne m'en souviens pas...

J'ai prévu d'aller manger sur l'île aux canards pour aller faire ce fameux sentier sous-marin. Il fait hyper beau et chaud, je prends le bateau taxi et je débarque 5mn plus tard sur cette île minuscule à quelques encablures (300-400m) de l'anse Vata.

Des transats, un restau. Je me pose et part pour le fameux sentier aménagé par l'IRD. Le parcours dure 30 mn avec des bouées-étapes munies d'un petit panneau sous-marin fournissant des explications sur la faune et la flore. Le tout dans une réserve.

Je pensais être blasé après la piscine de l'île des Pins mais là, c'est encore un choc. Les poissons sont extrêmement peu farouches et... bien gros. Il y a des coraux multicolores dont une espèce particulière d'un bleu extraordinaire. Je me balade tranquillement sur le parcours qui fait ~30 minutes, l'eau est un peu froide (~20° je pense). Je vois pour la première fois du séjour un tricot rayé, ce fameux serpent mortel emblêmatique du territoire. Il paraît qu'ils ne sont pas du tout agressifs et qu'on peut les attraper sans souci. Je m'abstiens. Derniers coups de palmes au milieu d'énormes poissons perroquets hyper-colorés et je sors.

Mon idée est de prendre un rapide repas chaud mais... pas de CB... Il me reste assez de monnaie pour acheter... un Magnum. Je déguste ce repas équilibré sur le transat et observe mes voisins.

Ils sont américains. Lui pèse 100kg dont au moins 99,5 de muscles. Je cherche les valves qui lui permettent à l'aide de 7 ou 8 bars de pression d'obtenir des pectoraux de la taille d'un plat à paëlla, le dos et les biceps qui vont avec. Il dégage une sensation de bêtise rare. Il a ~45 ans, parle fort, boit des boissons bizarres et rote très fort au milieu des clients interloqués. Il porte pas mal de tatouages dont un M un peu guerrier sur l'épaule (sans doute pour Musclor...). Il a aussi le prénom "Candice" écrit en cursives (bien réussies) sur le bras, et un autre effacé dans le bas du dos (sans doute son ex, ou la marque de son ancien 4x4). Il passe beaucoup de temps à embrasser goulûment sa copine dont je vais évidemment vous parler un peu...

Elle est topless, avec des superbes seins d'au moins... 5000$. Avec ça, pas besoin de soutien gorge, même en footing sur le goudron, ça bronche pas... Ses dents trop en avant sont aussi refaites, mais mal cachées par ses lèvres également retravaillées. Elle rit bruyamment et dit beaucoup "fuck" et "fuck'in". Elle a plusieurs tatouages plutôt réussis dont un à la cheville dans les mêmes cursives que son pote Captain América qui indique "Darryn" : son prénom ???

Ils ont des mini-bafles sur leur ipod et mettent évidemment à fond. Je n'ai pas résisté à voler une photo



C'est bien que Captain ne m'ait pas vu déclencher... Je pense que je n'aurais jamais revu la métropole.

Lassé par l'ambiance, je fais un petit tour de l'île : plutôt sympa et vraiment dépaysant par rapport à la distance du rivage.





Ici le sport national est paraît-il de se rendre avec son petit bateau sur un des innombrables îlots déserts avec une tente et une glacière et d'y passer le week-end seul au monde. Séduisant...

Je rentre par le taxi de 14h30 ; j'avais promis à mes collègues de travail de passer leur dire au revoir avant mon départ.

Je m'arrête à la maison de l'artisanat sur le chemin. Il y a peu d'artisanat local. La théorie de Dédé sur le sujet est qu'on développe des savoir-faire surtout quand on est dans l'adversité : quand il suffit de s'asseoir sous le cocotier et de jeter une flèche dans la mer sans regarder à l'heure du repas, on n'a pas vraiment besoin de grand-chose... Ça se tient.

Quelques trucs sympa néanmoins, mais tous faits par des caldoches. Bijoux en corail noir, pierres travaillées, objets en bois local...

Tiens une parenthèse qui me vient en repensant à l'artisan qui sculptait avec une clope au bec. Ici TOUT LE MONDE fume. C'est hyper-choquant pour nous métropolitains, atrocement culpabilisés par rapport au tabac. On se croit revenu au temps où Zitrone commentait le tour en fumant à l'antenne... On fume dans les bars, les restau, sans que personne ne se plaigne. L'interdiction de fumer dans les collèges (!!!) n'est pas si ancienne...

Les clopes sont moins chères et en paquets de 25. Les gens n'ont pas de vraies raisons d'arrêter... En plus, les gens des îles n'ont pas l'habitude d'évoluer dans un monde très contraint législativement. Ils sont plus loins, ils sont plus libres. Soyons clairs, je ne fume pas, et je ne nie évidemment pas que la clope soit un problème de santé publique, mais cette situation me fait réfléchir : la surprotection imposée par l'État, dans quelque domaine que ce soit, implique une certaine répression. Est-on forcément plus heureux davantage protégé mais davantage réprimé, c'est ma question du jour...

La séquence d'au revoir aux collègues de travail se révèle moins anodine que ce que je ne le pensais. Certes on se connait à peine, mais ici on sent bien que quand on dit au revoir, ça n'est pas loin d'un adieu, même si on se dit "À une prochaine". On ne reviendra pas pour le week-end. Ce côté "sans appel" du départ, cette sensation de "on/off" liée à l'incroyable éloignement, contribue à faire ressentir ce voyage comme une parenthèse hors du temps, un peu irréelle.

Problème légèrement connexe, la Calédonie souffre du fait que tous les fonctionnaires viennent ici pour 2 ans renouvelables une fois (sauf, rappelons-le, les enseignants du supérieur et les juges qui restent tant qu'ils veulent). Les calédoniens demandent toujours à un nouveau venu pour combien de temps il reste. Ils ont trop souffert d'instaurer des liens d'amitié forts avec des gens qui toujours repartent et disparaissent totalement de leur vie. Du coup, ils sont prudents avec les "séjours courts"...

Ces "séjours courts" posent aussi un autre problème au territoire, plus opérationnel. À la fin de leur contrat, les gens partent souvent avant que leur remplaçant n'arrive, si bien qu'il n'est pas rare qu'un poste important soit vacant pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois... Ça crée de gros problèmes de fonctionnement car les présents doivent absorber le surcroît de travail et de responsabilité tant bien que mal...

Ce soir, repas chez Dédé. Je revoie sa femme et ses enfant avec plaisir, pour la première fois depuis 9 ans. Ils ont notablement grandi (surtout les enfants). Je goûte de la salade de cerf, plat local. C'est une sorte de carpaccio épicé de cerf. Très bon. Les calédoniens cuisinent beaucoup le cerf qui prolifère trop. Dédé m'a gâté, il est allé acheter deux bouteilles de Bandol rouge domaine l'Olivette (je n'ose même pas imaginer le prix ici...), un domaine distant de 500m à vol d'oiseau de chez moi !!! Bonne soirée.

Il est minuit et demi, je suis terriblement fatigué : encore un au revoir... Mais un vrai celui-là car Dédé passe souvent en métropole pour des missions, on aura l'occasion de boire quelques coups dans le Sud...

Coucher à 1h15. Je vais le payer cher.

Je décolle demain à 12h, rendez-vous à 9h45 pour rendre la voiture et partir vers l'aéroport et l'interminable voyage. J'ai appris un truc rigolo : le vol Tokyo-Paris doit attendre que Charles de Gaulle ouvre et ne peut pas partir après une certaine heure de Tokyo... si bien qu'il va moins vite et fait des ronds dans l'air : ça sera 13h de vol au lieu des 11h de l'aller !!! Ça promet une forme olympique pour la reprise du boulot lundi matin...

À demain,

G.

jeudi 21 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #8 : travail et...

Je me réveille et jette un coup d'oeil à ma montre, juste pour vérifier qu'il est 2 ou 3h et je dois me frotter les yeux car il me semble bien voir... 5h30!!! J'allume et oui, c'est bien ça. 7h de sommeil, c'est de la folie. S'il fait beau, s'il y a du vent, si le concours finit tôt...

Mais quand le jour se lève vers 6h15, mes espoirs sont immédiatement balayés. Il y a certes du vent, mais le ciel est gris et déverse des kilos d'eau sur Nouméa...

Bon, je me prépare. Pantalon, polo noir, rasé : je suis un juré de concours crédible.

Petit déj rapide et au travail.

8h : on se met d'accord sur le protocole, on prépare les questions pour être prêt à 10h pour le premier candidat. Les auditions de 20 minutes des 3 candidats se passent bien et vite. Fin à... 11H20. Le jury est unanime, il y a un candidat qui se dégage, la discussion est très rapide. Je suis libre à 11h40, le ciel s'est dégagé, le vent souffle à 20 noeuds : le miracle va-t-il se réaliser ? Je décline poliment la proposition de repas et trace vers l'hôtel en avalant un sandwich dans la voiture.

12h05, je passe à l'embarcadère du bateau-taxi. Il y a un départ pour l'îlot maître à... 12h20. Il faut que je gare la voiture à l'hôtel, que je récupère tout mon bordel dans ma chambre et que je revienne en moins de 15 minutes. Je tente le coup, je fais tout en courant. J'arrive à 12h19 exténué, le souffle court et en âge avec mon sac avion de 15 kgs contenant tout mon matos.

Mais il ne prend pas la CB, c'est 2400 CFP. Je pleure et il me dit qu'il y a un distributeur à 800m, il m'attend 2 minutes. Je cours encore et arrivée au distributeur, grosse douleur derrière le genou. Fuck, vais-je pouvoir naviguer ? Je reviens en courant/boitillant et je parviens à embarquer. Pas d'eau en vente, je me prends un coca... Ça me fait un peu de sucre rapide pour compenser la fatigue.

On arrive à l'îlot, c'est beau, il y a des kites de l'autre côté, au vent. Les 20 noeuds y sont bien MAIS... je vois le bateau d'Antoine qui part de l'îlot vers Nouméa !!! Non, c'est trop con, c'est pas possible. Arriver ici, faire 20000 kms, avoir le vent, être sur le spot par miracle et rester au bord sans board, ça ne peut pas m'arriver !!!

Je vais, résigné, vers le spot avec mon sac à roulettes plutôt encombrant dans le sable... L'endroit est terrible. Un platier à faible fond à perte de vue, eau transparente bleue/verte avec des tâches plus ocres correspondant aux rochers/algues, le tout délimité par une barrière de corail qui assure un plan d'eau hyper flat... Je suis désespéré à l'idée de rester au bord.



Je demande aux locaux où est Antoine en général, ils me désignent en ricanant l'extrême bout de la plage, "c'est là-bas que se mettent les "schoolies", les mecs avec des casques...". J'omets de lui dire que dans ma valise j'en ai un de casque, jaune qui plus est, et qu'en plus j'ai un gilet antichoc gris sale over vilain...

Au bout de la plage, je trouve les "schoolies". Je demande si Antoine est bien parti... "Oui, mais il revient, il a dû ramener sur Nouméa un mec qui s'est démis l'épaule..." Miracle, tout n'est pas perdu... sauf s'il a oublié de me prendre une board. Je décide de positiver et part m'équiper. Shorty, chaussons, casque, gilet, harnais, voile gonflée, lignes en position, je suis prêt quand Antoine revient... Et... IL A LA BOARD !!! Alleluia !!!

Il me dit qu'elle est neuve, qu'il faut très gaffe car il n'y a pas beaucoup d'eau, prendre garde de sauter dans le vert au large, où le fond est légèrement plus important et qu'il faudra arrêter à 15h30 car ensuite la marée sera trop basse. Je dis oui à tout et récupère la board. Miracle, ÇA Y EST, JE VAIS NAVIGUER, la folle dépense d'énergie n'aura pas été vaine...

Le décollage est un peu chaud vu que la plage fait 6 mètres de large mais le vent est régulier et tout se passe bien.Je m'éloigne un peu du bord planche en main et ça y est, l'incroyable session peut commencer : il est 13h30.

Le premier bord est magique, je ne ressens pas le mal au genou redouté et je découvre le fond en glissant sur l'eau lisse et transparente alternant les tons de vert. Ma voile bleue se confond avec le ciel, c'est juste monstrueux. Sur le bord de retour, avec Nouméa devant moi, je réalise la rareté de l'instant et je me laisse aller à crier. C'est trop bon !!!

Les conditions de vent sont parfaites, je place quelques sauts en m'enhardissant sur chaque bord et finit par survoler le lagon d'assez haut (pour moi). Atterrissages en douceur comme seul le kite et le voyage sur la lune le permettent, je ne vois pas le temps passer.

Au cours d'un bord, je remarque devant moi un bout de bois qui dépasse de l'eau, j'abats un peu pour l'éviter de 2 ou 3 mètres et je le vois rentrer dans l'eau !!! C'était une tortue !!! Elle nage doucement pour s'écarter... C'est incroyable. Tous les voyants sont décidément au vert pour moi aujourd'hui... J'en reverrais une un peu plus tard, planant dans l'eau émeraude.

Il est 14h45 et j'ai des crampes aux deux cuisses et au mollet droit, mais je continue... Pas question de perdre une minute de cette session... J'arrête néanmoins vers 15h10, je ne peux plus naviguer...



Je pose et discute avec le jeune qui m'a atterri. Il est d'Arles, ingénieur depuis 4 ans et habite ici depuis 1 an 1/2, après 1 an d'Australie. Il navigue ici dès qu'il y a du vent et oui, il trouve que c'est "pas mal"... Je pense au Jaï en regardant le lagon et je me dis que le réveil va être sacrément dur...



16h : je rentre en bateau taxi en combi/chaussons et je reste dans cette tenue jusqu'à ma chambre.

Douche chaude, j'installe tout le bordel à sécher un peu partout.

Je me prends un thé, calme et comblé.

Dehors, le vent est tombé et il se met à pleuvoir... Je ne pourrais plus dire que je n'ai jamais de chance...

À demain, à bientôt,

G.

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #7 : appelez-moi Antoine...

Le réveil prudemment programmé sur 5 heures n'aura évidemment servi à rien... Je l'éteins vers 4h et prépare mon sac. 2 jeux de piles pour l'appareil photo, 2 cartes mémoire : pas de place pour la panne...

Il est trop tôt pour déjeuner à l'hôtel, je m'arrêterai au marché. Le passage à la boulangerie dudit marché mérite quelques mots. Un indonésien aux traits incroyablement fins est devant moi, il demande deux "fri-fri". Je prends mes croissants et, intrigué, demande à la vendeuse ce que c'est que ce "fri-fri", un terme qui en métropole a tendance à désigner une nourriture pour homme qui ne s'achète pas en boulangerie... Elle m'explique que c'est un beignet et m'en sort un du carton derrière elle et là, stupeur !!! C'est lui, c'est le CHICHI-FRÉGI de l'Estaque-plage !!! Marseille rayonne décidément dans le monde entier, exportant à l'infini sa culture riche (en lipides...). Pour la peine, je m'en prends un. Terrible, il est tout chaud...

À l'embarcadère de l'Aremiti 4, le tout nouveau bateau pour l'île des Pins qui vient de Tahiti (l'historique, le Betico (prononcez Betitcho), surnommé le vomico par les locaux, est en panne de moteur depuis un paquet de semaines), on attend pas mal.


Je parle avec des militaires qui vont passer une permission à l'île des Pins : j'apprends qu'il y a une forte présence militaire à Nouméa, et qu'une garnison métropolitaine vient relever la précédente tous les 4 mois. Ils sont ravis d'être ici (tu m'étonnes, ils sont de Chateauroux...), et accessoirement inquiets et critiques (c'est un euphémisme) par rapport au plan armées de Sarko : Chateauroux fait partie des sites qui vont fermer, ça sera en 2012. Belle performance pour un président de droite de se mettre même l'armée à dos...

Le bateau est un gros catamaran, je m'installe aux premières loges, devant les vitres panoramiques au niveau bas, face à l'avant. Le pullman est confortable, j'ai 2 mètres pour les jambes devant. J'ai un petit pincement au coeur en pensant à l'avion dans 3 jours...

L'île des pins est au Sud de la Grande Terre (Nouvelle Calédonie = Grande Terre + les îles Loyauté (Ouvéa, Lifou, Maré) et l'île des Pins), si bien que nous allons parcourir toute la fin de la côte Ouest (Nouméa est au Sud-Ouest de Grande Terre) avant de prendre le large. C'est l'occasion de découvrir du paysage et EN PLUS IL FAIT ASSEZ BEAU, le soleil est là, juste quelques nuages latéraux qui devrait être sans conséquence dès 9-10h. La chance va peut-être me sourire...

Le bateau fait une escale à l'extrême Sud, à Goro, pour déposer les travailleurs de Goro Nickel sur le site de l'usine en construction. Ils sont nombreux dans le bateau, avec leur uniforme aux armes de la compagnie (comme un peu dans Cosmos 99), si bien que je tombe à côté d'un d'entre eux, canadien, avec qui j'engage la conversation.

C'est vraiment différent de voyager seul. On n'a pas le cocon familial, ou celui du groupe d'amis, qui se suffit à lui-même pour les besoins de communication. Du coup on cherche un peu le contact, et on discute avec 100 fois plus de monde...

L'homme s'avère très sympa, et ingénieur en génie mécanique. Il a 42 ans et est ici pour 3 ans pour mettre en place le procédé complexe d'extraction du nickel, avec une équipe d'ingénieurs issue du monde entier. Avant, il a fait 3 ans en Thaïlande, 4 en Louisiane (pendant Katrina !!!), 2 au Pérou, 2 en Indonésie... Il a fait un milliard de trucs, et encore une fois, je me sens ridiculement pantouflard, moi qui vais sur le même lieu de travail depuis 1984...Pour moi, le truc palpitant, l'exotisme absolu, c'est quand il y a une déviation pour éviter Cassis parce qu'un poteau télégraphique est tombé... Énervant, tous ces mecs à la vie trépidante.

Pendant ce temps le paysage défile. Petites montagnes, très vertes avec des immenses trouées ocres/rouge (terres latéritiques), la terre du caillou est vraiment chargée en minerai. On voit une baleine à 100 mètres à tribord... Pas mal de dauphins aussi.

Après l'escale à Goro, le voyage jusqu'à l'île se fait tranquillement, le bateau est très stable et avale la houle tranquillement. Je somnole.

Île en vue. On discerne les fameux pins colonnaires, endémiques, si hauts et droits. On s'approche et on commence à découvrir l'incroyable couleur bleue turquoise (encore plus qu'un un collier de Johnny...). Le débarcadère est en baie de Kuto, c'est le plein soleil et c'est de la FOLIE !!! La plage, immense, déserte et bordée de cocotiers, est BLANCHE comme un plafond neuf, et la mer est d'une couleur irréelle. Quelques voiliers, parsèment la baie, calme, paradisiaque. Ça y est, c'est le choc, comme dans les docs d'Antoine : j'ai enfin la vision du Pacifique tel qu'on le fantasme en métropole...

Je descend quasi en courant pour retrouver Edmond. Il est là, avec une toute petite Nissan, neuve. Il fait 1,6m, 100 bons kilos... Je lui dis, hésitant, que je viens de la part de Claude... Bingo, c'est bien son oncle (il l'appelle le "petit Claude", ça fait sourire...). En plus sa fille va faire ses études à Marseille dès Septembre, je lui propose mes coordonnées au cas où elle aurait besoin d'un peu d'aide pour les formalités. Le courant passe bien et il me propose spontanément un discount à 5000 CFP au lieu des 7000 annoncés... Ça fera pour le repas de midi...



Je décide de foncer direct à la fameuse piscine naturelle, espérant devancer ceux qui iront en pirogue. Mais je suis tellement scotché par les 2 premières plages, Kuto et Kunaméra, que je fais quand même un stop photo.





Il y a un îlot verdoyant dans la baie de Kanumera. Le dernier qui est monté dessus a été tué par les locaux... Eh, oui, ce rocher est tabou pour les Kunié (habitants de l'île des Pins), et le mélanésien ne rigole pas trop avec ça...

Il y a une seule route, d'une trentaine de kilomètres qui fait une boucle. Rouler tout seul ici à 20000kms de la maison, en croisant une voiture tous les 5 kms, a quelque chose de profondément surréaliste. Les gens marchent pieds nus et disent systématiquement bonjour à tout le monde, inconnus compris. La métropole est tellement tellement loin. La France a-t-elle vraiment quelque chose à voir avec cet endroit ?...

Du coup, moi aussi je m'entraîne à dire bonjour comme eux, en travaillant la décontraction. Il s'agit de tendre le bras et de lever le pouce. Je maîtrise assez rapidement la chose du bras gauche, posé nonchalamment sur la portière et décide que désormais à mon retour en métropole, j'adopte le salut "Îles des Pins"... Préparez-vous...

Passage par le seul village de l'île et photo incontournable de la célèbre église colorée.



Je vois, comme dans un rêve, la mairie avec l'improbable drapeau français, la poste et son logo jaune. C'est incroyable...



Je bifurque au panneau Baie d'Oro et me gare chez Régis, le restau à langoustes au bout de la route bitumée. Pour aller à la piscine naturelle, il faut traverser un bras de mer avec eau aux mollets, puis marcher 20 minutes dans la forêt. C'est déjà splendide. Les pins colonaires sont là et projettent leur vert profond sur l'eau.



Je suis pieds nus seul dans la forêt, je suis barbu, je suis Robinson... Mais bon 100m derrière, il y a déjà quelques touristes français, italiens et japonais, ça réveille...

J'arrive enfin sur le site et là, c'est encore 10 crans au-dessus de tout ce que j'ai déjà vu... Ça n'est pas Dieu qui a créé ça, car Dieu n'a pas Photoshop... Les couleurs sont HALLUCINANTES : la fameuse piscine est encadrée d'une plaine de sable blanc immaculé, l'eau cristalline est turquoise et les pins colonaires forment une haie verte sur l'arrière, comme gardant le site... Mes mots ne peuvent pas être à la hauteur de ce que j'ai vu, je laisse la place à quelques images, elles aussi forcément réductrices...





Je me baigne, l'eau doit être à 21°. J'ai pris masque, tuba et une demi-baguette. Avant de mettre la tête dans l'eau je vois passer des énormes poissons autour de mes pieds... Sous l'eau le spectacle est délirant sans pain... mais avec, c'est incroyable : des poissons perroquets de 40 cms se jettent sur ma main, écartant des petits "némo" et autres machins de TOUTES les couleurs !!! Je suis obligé de tenir le restant de pain au dessus de la surface, car l'attaque des poissons est limite inquiétante.

Il y a aussi des oursins diadème (20 cm d'épine) et des oursins crayons (épines peu piquantes de 5mm de diamètre), des coraux, des bénitiers... Je refile la fin de mon pain à un groupe d'italiens et je nage vers la sortie de la piscine côté océan.

Un peu de marche sur des rochers très acérés (là, je rencontre un marseillais d'Endoume, incroyable...) et j'arrive face aux Pacifique, bleu profond et légèrement agité, lançant des vagues qui viennent alimenter la piscine. Le bain est hors de propos, ça bouge fort et le rocher est sans pitié.

Au retour, je croise un barbu de 60 ans, que ses 40 kilos de bide handicapent lourdement lors de la marche sur les rochers pointus. Encore un mec à la vie trépidante... Il est parisien mais a vécu son enfance à Tahiti, à l'époque où on y allait par bateau, en 1 mois... Il fait partie du "club des 40"... dont les membres ont visité au moins 40 pays... Mentalement, je compte mes voyages et je pense qu'il ne doit pas y avoir de club en dessous de 10...

Je me rentre, il est déjà midi... Vite à la voiture, il n'est déjà plus question de prendre le temps de manger : la découverte de l'île vaut tous les repas au restau...

À côté de chez Régis, il y a l'hôtel cinquante étoiles le Méridien, dont on dit que c'est un des plus exceptionnels qui soit. Je décide d'aller voir.

C'est de la folie !!! Le site est fabuleux (j'essaie de ne pas voir les multiples panneaux indiquant qu'on ne visite pas, que l'hôtel se fait un devoir de respecter la tranquillité absolue de ses clients...). Les chambres-bungalow sont dans la forêt avec cocotiers et pins colonnaires, herbe douce fraîchement tondue. Le restau parfaitement intégré jouxte une piscine à débordement incroyable qui semble se prolonger dans l'Océan juste devant, avec la désormais traditionnelle plage déserte de sable "absolute white".




Un petit îlot rocheux verdoyant semble avoir été placé idéalement au sein de la baie par un paysagiste génial... Chambre premier prix : 450 €...


Je poursuis consciencieusement mon tour de l'île. Je passe par la grotte de la reine Hortense, à l'intérieur des terres, certes impressionnate, mais dispensable par rapport au bord de mer...

Je me termine par la baie de Ouaméo. Encore une plage blanche et déserte. Non, ça ne lasse pas...


Il est 14h, je dois rendre la voiture pour 14h30, je décide de passer les dernières minutes à Kuto près du débarcadère. Cette fois, je descend sur la plage et là, la qualité du sable monte encore d'un cran : c'est de la poussière de farine. Ça semble impossible... Claude m'avait dit d'en ramener dans une bouteille, mais je ne le fais pas, me disant que si tout le monde en prend une bouteille...

14h28 : je fais le plein, prend un sandwich et je retrouve Edmond pour restituer le véhicule.

J'embarque la tête pleine d'images, sans doute pour toute ma vie. Cet endroit est ce que j'ai vu de plus beau.

Retour à Nouméa pour 18h30, j'appelle Antoine de l'école de kite pour lui dire de me prendre une planche pour le lendemain après-midi au cas où... Puis classique bière aux 3 brasseurs avec Dédé qui s'amuse de mon émerveillement, caractéristique manifestement partagée par tous les métropolitains qui débarquent sur l'île des Pins pour la première fois.

Demain, c'est LE jour de travail, il faudra que je me rase.

22h30 : je mets le masque occultant. Ça serait bien que je dorme, au cas où il y ait une fenêtre kite l'après-midi, mais je ne me fais guère d'illusions...

À plus,

G.

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #6 : inside Nouméa...

Comme prévu, réveil à 22h... Je me rendors vers 23h et je regarde ma montre fluo au réveil : 4h. Waw, super ! Ça fait 6 heures en tout. Je décide de me reposer encore un heure pour un lever quasi normal à 5h. Je fais donc semblant de dormir une heure, j'allume et là, GASP il est... 3h !!! Mes yeux bouffis avaient mal lus dans le noir... Je sens s'installer dans mon cerveau un paniquant "Putain, il faut absolument que je dorme" dont je sais que le caractère obsessionnel va provoquer l'effet inverse... Je regarde donc une nazerie à la télé (V. Lemercier et A. Dussolier dans une sorte de théâtre de boulevard filmé...) et me lève définitivement à 4h... Je dormirai demain... si je survis un jour de plus. J'ouvre les volets : fuck, aujourd'hui c'est Bretagne. Ciel gris très bas, légère bruine...

Petit déj. à 6h et départ pour le marché. Il se tient sur Port Moselle sous plusieurs faré au toit bleus, relativement thématique (fruits/légumes, artisanat, poisson). Il ne pleut plus.

Un certain exotisme dans les étals : ignames (un tubercule très cher dont ils sont fous ici), papayes, oranges vertes mais mures, raisins de la taille de petites pommes. Si c'est cultivé ici, le mot "local" est mentionné, sinon c'est de l'import de Nouvelle-Zélande (c'est le cas du raisin radioactif...). Afin que les ceux des lecteurs qui ont l'habitude de faire le marché puissent m'aider à statuer sur le fameux coût de la vie calédonien, j'ai noté, en bon névrosé, les prix pratiqués (au kg) :

- Carottes : 2,5€
- Patates : 2€
- Oranges : 2€
- Bananes : 3,3€
- Radis : 2€
- poivrons : 8€ (ça, même moi je sais que ça n'est pas raisonnable...)
- Tomates : 3,5€
- Chipo/merguez : 13€
- Roti veau (NZ) : 11€
- Escalope veau (NZ) : 16€
- Beesteack (NZ) : 14€
- Andouillette : 18€
- Langoustes (ÉNORMES !!!) : 32€
- Thon blanc : 11€
- Rougets de nuit (comme un rouget... mais de 3kg minimum !!!!) : 7€

Je m'achète un ananas minuscule et extra-parfumé dont les tropiques ont le secret, et quelques bananes pas belles. La vendeuse qui a vu venir de très loin le métropolitain aux yeux cernés m'a expliqué que c'est parce qu'elle sont cultivées en tribu, sans traitement, et qu'en fait elles sont merveilleuses... Eh bien non, elles sont hyper quelconques, loin de ces petites bananes roses ou jaunes hyper goûteuses et sucrés qu'on trouve à la Réunion ou aux Antilles. On verra plus tard pour l'ananas.

Tiens au passage, je vous avais promis de vous parler un peu de la monnaie. Ici, on est en vacances dès qu'on regarde les billets : plein de couleurs, avec marqué "institut d'émission d'outre-mer", des palmiers, des vahinés... et avec l'effet "je suis riche" du Monopoly : on a desuite plein de 1000 CFP (~8€), voire de 10000 selon la somme retirée... En plus les billets sont... étanches !! Enfin un truc à mettre dans la poche du maillot...



Les pièces en revanche, c'est la plaie. Elles ont la taille et le poids d'une pizza portion... Je suis contraint de changer mon porte-monnaie de poche toutes les 20 minutes pour ne pas me déformer la colonne de façon irréversible...



Une autre parenthèse qui me vient en parlant monnaie : en fait mon hébergement luxueux ne constitue finalement pas un outrage obscène en termes de dépense publique. J'ai appris des gens qui m'ont fait venir qu'il y avait des accords avec cet hôtel, plus un effet morte saison, qui fait que ma chambre vue sur mer avec petit déjeuner max cholestérol ne vaut que... 80€ !!! Les frais de missions sont un peu majorés par rapport à la métropole : j'ai droit à 120€/jour repas + hébergement, je suis pile bon. Pas de détournement de fond public donc, et que peu d'impact sur vos impôts :)

Bon, quelques mots sur ma visite de la ville :
- tout d'abord, le centre-ville n'a rien d'exceptionnel. Le port autonome... est un port autonome, avec ses porte-containers, ses gros cargos vilains et ses quais de béton. Pas de plage paradisiaque ici.
- les bâtiments sont quelconques, voire assez vilains. Pas de superbe villa coloniale ou autre cliché. Les trottoirs sont bien fatigués à certains endroits. Rien à voir donc avec ces stations balnéaires de chez nous avec palmiers taillés au laser, loupiotes rouges insérés dans le bois de la promenade, etc.
- le dépaysement est faible, il y a des magasins GIFI, des Casino, et même un comptoir CMA-CGM (les mecs complexés qui ont fait ériger une bite en béton de 150m sur le bord de mer marseillais).
- en parlant de Marseille, à un moment donné, j'ai vraiment cru que j'étais à Marseille centre canebière... Je me suis demandé pourquoi cette sensation : non, le port ne fait pas penser au Vieux-Port ; non, pas non plus de statue sur une colline qui pourrait rappeler la Bonne-Mère... Puis je comprends soudain que c'est olfactif, une odeur reconnaissble entre 1000... le graillon d'un Mac Do !!! Eh oui, il y en a 2 à Nouméa, et comme ailleurs, ils sont pleins. Impossible de leur échapper sans changer de planète... Celui dont je parle jouxte un totem très typique... joli mélange des genres...



Le soir, j'ai tout de suite dit aux locaux qui déploraient cette attaque du Big Mac/grande frite sur leur territoire qu'en Corse ils s'étaient mieux débrouillés...

Bon après le marché, je pars m'acheter la place de bateau pour l'île des Pins dite "le joyau du Pacifique Sud" que je compte visiter vendredi. Je rappelle que j'ai kite mercredi, travail jeudi et avion samedi... Au port autonome un kanak en bleu de travail m'indique depuis son Algeco (garni de plusieurs calendriers fournis par des sociétés de roulements à bille et autres outillages, dans lesquelles le port de la culotte et du soutif, ainsi que le maintien des jambes croisées, semblent prohibés : ça aussi, comme Mac Do, c'est universel...) le bâtiment de la société "Iles des pins Ferry".



Une fois sur place, je suis confronté à un dilemme MAJEUR : on ne peut aller sur l'île que le mercredi ou le samedi... Dois-je faire sauter l'île des Pins que je ne verrai peut-être plus jamais pour conserver la session de kite forcément inoubliable, ou l'inverse ? En plus aujourd'hui le ciel est gris, si c'est pareil demain, walou pour les couleurs du lagon à l'îles des Pins... Le joyau du Pacifique en monochrome, c'est desuite moins sexy... C'est terrible... Je sors m'isoler quelques minutes dans ma Clio grise...

Bon, je décide de sacrifier le kite, avec une petite idée néanmoins. Le vent est aussi prévu pour jeudi, un peu plus fort d'ailleurs. Si d'aventure je terminais le travail pas trop tard, je pourrai peut-être gratter une session d'une ou deux heures l'après-midi en me rendant par mes propres moyens sur l'îlot (vu que le bateau de l'école de kite sera parti...). Je sens bien que je me dis ça pour me rassurer, vu que le consours commence à 10h, qu'on a 3 candidats, et qu'il faut ensuite délibérer et faire le PV qui va bien... Tant pis...

Je prends donc mon billet à 10000 CFP (~80€) pour un trajet de 3 heures aller, embarquement à 5h30 (ça me fait pas peur, je serai réveillé depuis 3 heures...), départ 6h30, arrivée à 9h30 et embarquement pour le retour à 14h15... Ça fait court et tous les guides disent qu'il faut passer une nuit là-bas, mais bon, on va faire avec.

Là-bas le truc à faire selon tous les dépliants et guides semble être la traversée d'une baie (baie d'Upi) en pirogue mélanésienne, puis une marche en forêt vers la "piscine naturelle" la baie d'Oro, site paraît-il INIMAGINABLEMENT beau. Bon, je regarde les options de voyages organisés à la journée, mais aucun ne permet de passer du temps à la fameuse piscine... et en plus il faut se fader un repas de 2h au restaurant. Je décide que c'est une mauvaise option et j'opte pour une location de voiture sur place. Une agence me donne le numéro d'Edmond, le moins cher a priori. Je l'appele, il est OK, il m'attendra à 9h30 au débarcadère : c'est 7000 CFP (~60€).

Je passe ensuite au travail pour régler 2-3 problèmes et je rencontre Claude (vous vous rappelez, le Hulk noir aux pieds de 50cm qui m'avait récupéré à l'avion). Comme il est natif de l'île des Pins, je lui explique mon projet du lendemain. "Edmond tu dis ? Mon oncle s'appelle Edmond. Il tient la station service. Tant il s'est mis aussi à la location de voitures?...". Bon, je dois de donc me recommander de Claude auprès d'Edmond, en espérant que ça soit le bon. On verra bien... Il me dit aussi que la piscine naturelle, c'est au-delà du fabuleux et qu'il faut que j'emmène du pain pour que les myrtiades de poissons viennent manger dans ma main. "Prends aussi une bouteille pour récupérer un peu du sable de là-bas, il est fin comme de la farine et plus blanc que ça" (il me montre le mur, immaculé...). Bigre, avec de telles annonces il va falloir un site 7 étoiles pour ne pas être déçu...

Je finis par me rentrer, réussit à gratter palmes, masque et tuba pour le lendemain à la réception de l'hôtel et la journée se finit de façon habituelle : bière avec Dédé aux 3 brasseurs (j'ai appris que c'est une chaîne concept comme Mac Do... las...) avec une nouveauté très mélanésienne : la flameküshe dont l'établissmenet est aussi spécialiste... Bon, de toutes façons je n'ai pas assez faim et suis trop naze pour aller dans un vrai restau...

Coucher habituel à 21h, avec mon mantra habituel "Il faut que je dorme, il faut que je dorme, il faut que dorme...".

À demain sur l'île des Pins. Fera beau, fera pas beau ? Edmond est-il l'oncle de Claude ? Sera-t-il au rendez-vous ?

Vous le saurez bientôt, si vous êtes fidèle à notre station...

À plus,

G.

mercredi 20 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #5 : jour 2 on the Caillou...

leIl y a un truc qui amortit (très) légèrement le décalage horaire : ici le soleil se couche tôt toute l'année (en ce moment ~17h45, une heure de mieux en été austral), du coup les gens pour profiter de la journée se lèvent très tôt. 6h est une heure normale, le marché commence même à 5h. Du coup, quand on sort du lit à 4h (i.e. 21h le jour d'avant heure française...) comme tous les touristes fracassés par le voyage, on n'a finalement que peu à attendre (aviron olympique sur SPORT+ (qu'est-ce qu'il peut y avoir comme aviron, c'est monstrueux...), obscur tournoi de golf US avec analyse du swing en image de synthèse, écriture des posts du blog, etc.) avant de pouvoir commencer la journée. Par exemple, le petit déjeuner dans mon hôtel est servi dès 6h et c'est tant mieux car comme je suis épuisé le soir je ne mange pas...

Donc à 6h ce matin, c'est passablement affamé que je descend demander si le petit déjeuner est compris dans ma réservation. Mais oui monsieur. Parfait. Je me choisis une table en bord de piscine entre un couple japonais à la retraite (depuis un moment...) et un autre couple australien de grande taille et sans femme visible, où le tee-shirt se porte troué et moulant et le sourcil percé d'un ou deux fils de fer tendance.

Waw !!!, m'écrie-je intérieurement en découvrant le buffet du petit déjeuner... Sans jumelles, on ne peut pas en discerner le bout... Bien que non équipé de mes chaussures de rando, je m'aventure sur le parcours avec mon assiette. Pendant le premier quart d'heure on ne distingue que du salé (saucisses, le bacon, oeufs, omelettes, fromage,...) que je décide de négliger. C'est à la fin du kilomètre 3 que je trouve mon bonheur : fruits frais, confiture de bananes et oranges 100% NC, croissants et pain de qualité métropolitaine, 25 sortes de thé, ça ira bien... Je m'hydrate un peu puis je charge tout et entame le retour vers la table. Il est 7h, je n'ai plus faim...

Dédé vient me chercher comme convenu pour une 1/2 journée de travail. Petit parcours en voiture jusqu'à la presqu'île de Nouville en passant par la désormais familière Baie des Citrons, puis celle de l'orphelinat et enfin le port Moselle (point de départ pour l'île des Pins, j'espère que je vous en reparlerai en fin de semaine...).

Je ne détaillerai le contenu professionnel de cette journée (car finalement, je vais y passer la journée...), qui n'intéresse personne. En revanche, parler avec des gens qui travaillent ici permet d'apprendre beaucoup de choses et de mieux appréhender le POM...

Tout d'abord l'effet de taille... Certes la Nouvelle-Calédonie est assez étendue. Mais la moitié de la population de l'île vit à Nouméa (~125000 habitants) et quasi toute l'activité professionnelle y est concentré. Donc, tout est assez petit, et tout le monde se connait. Les directeurs de structure publique, qui en métropole sont un peu inaccessibles, sont ici dans les mêmes locaux de quelques centaines de mètres carrés et mangent au même snack que les employés... Il y a une proximité, une accessibilité, qu'on ne peut trouver en métropole.

Autre conséquence de l'effet de taille : il est quasi-impossible de faire quelque chose sur Nouméa sans que toute la ville le sache immédiatement... Il y a toujours quelqu'un qui connait quelqu'un qui vous a vu hier soir à 22h au bar de l'Anse Vata avec untel... Donc avis aux intéressés, munissez-vous d'un masque de Mitterand, de José Bové pou de Claire Chazal si vous voulez faire de l'extra-conjugal ici...

En fait, la Nouvelle-Calédonie EST Nouméa. Il n'y a pas réellement, comme dans d'autres îles (Réunion, ou Guadeloupe), d'autres villes d'alternative professionnelle... Ça accentue pas mal le sentiment d'exiguïté à la longue.

Ensuite, l'appartenance... partielle à la France qui fait que c'est comme en métropole, certes, mais quand même bien différent.
- Ici le régime fiscal n'est pas le même, il n'y a par exemple pas de taxe d'habitation et la taxe foncière est faiblissime. Pas de redevance audiovisuelle non plus (en même temps, bien qu'on capte France Inter, l'offre audiovisuelle publique est ici limitée...) Les emplois à domicile sont seulement taxés à 25%, générant par exemple une grosse population de femmes de ménage...
- La monnaie est différente, c'est le franc pacifique (j'y reviendrai).
- L'extrême éloignement du POM a généré également des mesures particulières (primes spéciales pour missions, congés administratifs datant de l'époque où on venait en bateau et où le voyage durait 2 mois, etc.).
- C'est également le quasi-plein emploi (3 à 4% de chômage...) : quelqu'un disposant d'une qualification quelconque trouve du travail presque immédiatement. Par contre, les indemnités de chômage sont identiques pour tout le monde et très faibles (~700€).
- Les salaires publics sont plus forts qu'en métropole (coefficient 1,73) et du coup les salaires privés pour des métiers équivalent sont à peu près alignés.
- On me dit aussi que la vie est très chère, mais je ne l'ai pour l'instant pas constaté : le pain vaut 0,8€, 3 litres de bière dans un bar branché font 23€, un T3 bien placé vaut 300000€... C'est cher, mais pas tellement plus qu'en France, me semble-t-il pour l'instant... J'investiguerai un peu plus les jours à venir.

Ce qui fait également consensus auprès des interviewés, c'est la qualité de vie a priori très supérieure à celle de la métropole. Nature EXTRAORDINAIRE, délinquance faible, climat quasi-idéal, très bon point de départ pour une découverte approfondie de l'hémisphère Sud (Australie, Nouvelle Zélande, Fidji, etc.).

Mais il y a aussi des inconvénients, essentiellement liés à cet éloignement.
- Les gens viennent peu visiter leur connaissances depuis la métropole : le voyage est trop fatigant et trop cher.
- Les bons produits de France sont importés et se vendent à prix d'or. C'est le cas d'ailleurs de la plupart des denrées alimentaires.
- Les véhicules sont également très chers, mais contrairement à ce qu'on m'avait toujours dit, il est possible d'emmener le sien (peut-être y a-t-il alors une taxe massue ???).
- Peu de transports en commun sur l'île, et un réseau routier de mauviase qualité en dehors de Nouméa et des quelques routes principales : la plupart des routes intérieures sont des pistes nécessitant le 4x4 (d'ailleurs il y en a ici presqu'autant qu'à Marseille :) ).

Un petit point que je mets à part car il me tient à coeur : la connectivité de l'île à l'Internet est CATASTROPHIQUE. Elle est assurée pour l'instant par des liaisons satellites de débit ridicule (6Mb/s !!!) que se partagent tous les internautes calédoniens : l'île entière dispose de moins de débit qu'UN SEUL abonné à l'ADSL en métropole !!!. J'ai un slogan à proposer à l'équipe comm' de l'Office de tourisme : "New Caledonia : enjoy the modem island"... Ici, monsieur, on n'ouvre pas une page web sans réfléchir... et si on se décide, c'est TOUJOURS dans un nouvel onglet. On télécharge la nuit (et éventuellement toute la journée d'après...). La moindre des choses de la part des FAI serait de fournir à tout client un petit livret de sudoku afin qu'il puisse se distraire en attendant l'affichage des pages... Pour une connexion distante, c'est le syndrome du modem : on tape trois fois une touche parce qu'on croit qu'elle n'est pas prise en compte, et on a soudain 3 fois l'action au déblocage... En en plus, les connexions ADSL domestiques sont hyper-chères : 100€ par mois !!!

A priori, ceci devrait notablement s'arranger dès le 1/9/2008, date à laquelle le trafic réseau va désormais transiter par un câble sous-marin jusqu'à l'Australie, avec abandon de la liaison satellite et augmentation sensible des débits (mais rien de faramineux, on parle de 10 ou 20 Mb/s). Il faut le souhaiter car un Net lent, c'est finalament l'accès à un sous-ensemble du Net...et donc une fracture culturelle à mon sens majeure de nos jours (et encore plus dans ceux à venir)...

Sinon, une bonne nouvelle ce soir : j'ai désormais une voiture... Un véhicule de fonction était disponible car un personnel partait en métropole ce soir... Je roule donc désormais en clio gris métal et je fais le cake en Océanie avec RNC (ça n'est pas une faute de frappe, c'est Radio Nouvelle Calédonie...) à fond vitre ouverte... Si je mets fort c'est aussi parce que sinon, en clio, on ne te voit pas depuis les 4x4 locaux tiounés à mort avec pare-buffles et pneus de tracteur... On m'a filé aussi la carte Total pour l'essence : j'ai honte...

Une bière avec Dédé aux "3 brasseurs", le pub local sis à la baie des citrons, et au lit à 20h30. Demain c'est jour off, je vais me balader dans Nouméa comme un vrai touriste, petit futé apparent et appareil photo en bandoulière.

La nuit à venir m'angoisse légèrement : vais-je réussir à dormir ? ou me réveiller à 22h ? C'est le genre de gamberge qui devrait suffisamment m'occuper le cerveau pour assurer le réveil redouté à 22H... On verra bien.

A plus,

G.

dimanche 17 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #4: premier jour à Nouméa

Je vous avais laissé à mon arrivée à l'hôtel... Si j'ai été si étonné, c'est que j'ai l'habitude des missions parisiennes et des hôtels qui doivent rentrer dans le forfait ministère... 5ème étage sans ascenseur, quelques poils sur le drap blanc sale et la douche qui se déverse directement sur la moquette...

Cette fois c'est différent... La réception pourrait contenir un petit airbus, et les bâtiments enserrent une piscine complexe sur plusieurs niveaux et quelques centaines de mètres carrés, avec des cocotiers poussant sur de petits îlots en teck. Je n'en reviens pas !!!



Arrivé à ma chambre, la 3402, le délire continue : grand lit deux places, salle de bain avec douche plancher teck et SURTOUT : baie vitrée triple panneaux qui donne direct sur la mer (50m à vol d'oiseau), précisément sur l'anse Vata et la pointe Magnin, le spot de planche et de kite de l'île !!! Je passe 20 minutes à regarder le panorama, les îlots dont j'ai déjà parlé et les ailes de kites qui se découpent sur le turquoise. C'est énorme !!!



Je prends une douche et un thé devant la fenêtre et mon collègue (appelons-le Dédé, car je ne sais pas s'il souhaite apparaître nommément sur un blog et il s'avère qu'il n'a pas de prénom...) à l'initiative de la mission m'appelle pour me dire qu'il viendra me prendre dans 1h.

Et soudain, la fatigue me tombe dessus. Il est midi et je sais que je ne dois pas dormir au moins jusqu'à 19h-20h si je veux avoir un espoir de recalage avant de reprendre l'avion samedi...

9h de décalage horaire, quand on en parle comme ça, c'est un peu abstrait. Laissez-moi donc vous l'illustrer par un exemple aidant à mieux ressentir la chose. Lorsque j'atterris à Nouméa, il est 9h du matin, soit minuit heure française, après 35 heures de transit sans trop dormir... À ce moment-là, il va encore falloir tenir une journée entière, soit au moins 10 à 11h avant le coucher... Il sera approximativement midi en France...

C'est donc un tantinet las que je retrouve Dédé au bar. Rien de tel qu'un bon demi de bière et des cahuètes pour se réveiller. Ça fait plaisir de se revoir ici... On part manger, un autre demi de bière accompagnera un excellent tartare de thon, le tout avec vue sur la baie des Citrons. Ça tient éveillé...

On tchatche travail et vie sur le caillou, conditions financières et qualité de vie mais éloignement rédhibitoire de la famille, surtout si elles est âgée... Un café pour tenir et je lui explique que je veux absolument me baigner. C'est dimanche et la plage de ~500m de la baie des Citrons est logiquement bondée, soit 6 personnes... Il faut dire que c'est l'hiver et que le kanak ne se baigne pas en hiver, ni même le métro qui est là depuis plus d'un an... Je vous décris donc l'hiver en question : air 20 à 23°, eau 23°...

Et c'est là que je rentre dans le GUINESS !!!

En effet, le challenge engagé lundi dernier dans les Landes est remporté haut la main : 3 bains dans 3 mers et océans différents en moins d'une semaine. Lundi l'Atlantique à Contis Plage près de Mimizan, jeudi matin un peu plus à l'est dans ma chère Méditerranée à Bandol et enfin le Pacifique ce dimanche encore (un peu) plus à l'est. D'ailleurs je me dis qu'à ce point à l'est c'est quasiment à l'Ouest...

L'après-midi se termine en cruising en kangoo autour de Nouméa, pour découvrir un petit mieux la ville et son environnement. Nous passons au spot de kite, la plage du luxueux hôtel le Méridien : je parviens à brancher Antoine de Nouméa Kite School pour une journée sur l'îlot Maître et son platier peu profond de 600m sur 400m. Il m'emmène en bateau avec son groupe, me loue la planche et est là en sécurité tout au long de la session. On annonce une vingtaine de noeuds pour mercredi. Si la météo est fiable et que je suis remis du décalage, ça se présente plutôt bien...

On s'achève au bar de l'hôtel où Dédé fait tout son possible pour tenter de me garder éveillé jusqu'à un honnête 19h30. Je vais dans ma chambre, diffère encore un peu le moment du coucher en regardant un podium quelconque de Beijing 2008, puis au lit vers 20h30 avec boules quiès et masque occultant au cas où. Réveil à... 22h20. En même temps ça se comprend, ça fait 13h20 en France... Bon, je me force et j'arrive à me rendormir jusqu'à... 2h10. Pas mal. Je décide de rester au lit jusqu'à 4h pour tenter de me reposer...

4h, je me lève, un thé et j'ouvre mon portable pour vous donner ces quelques nouvelles, devant la finale tennis Nadal/un-chilien-dont-j'ai-déjà-oublié-le-nom.

Ce matin, c'est travail : je vais rencontrer les responsables du concours de recrutement pour lequel je suis venu. Mais je compte bien explorer dès 14h le sentier sous-marin balisé de l'île aux canards en prenant le taxi-boat. Il paraît qu'il y a des poissons ici qu'on ne voit pas trop à Endoume, ni même au Brusc... Je vous raconterai.

À plus,

G.

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #3 : Lost in translation...

Après 6 heures d'intimité fusionnelle avec le terminal 2F de Roissy CDG, j'embarque pour le vol Paris Tokyo. Décollage à 23h50, 10h50 de vol pour ~11000 kms...

À côté de moi dans l'avion, un toulousain copieusement tatoué m'explique qu'il travaille dans le nickel (LA ressource naturelle de Nouvelle Calédonie) à raison de 10 semaines en NC 6 jours sur 7, puis 4 semaines de vacances en métropole. Il est grutier. Il touche 5500€ net par mois, nourri logé et blanchi en NC... et il ne paie pas d'impôt car j'apprends qu'à partir de 183 jours par an travaillés hors France, on accède au régime d'"expat", qui n'est plus assujetti à l'impôt...

L'homme a pas mal bourlingué dans le monde entier, une sorte de mercenaire grutier. La raie manta qu'il affiche sur l'intérieur de son bras droit a été faite par un kanak sur le chantier de l'usine de nickel, en tatouage traditionnel, à la dent de requin...

Mes aventures étant tout de même moins palpitantes, on parle plutôt de lui. J'apprends ainsi qu'il est très fidèle à sa femme malgré ses absences répétées. 10 minutes plus tard, il m'explique néanmoins que l'hôtesse qui nous apporte le plateau repas est encore "bien tendue" pour son âge, et qu'il se la "cartoucherait" bien... No comment.

Les heures passent doucement entre la discussion, les plateaux repas, un petit film... Je tente de suivre le conseil consistant à ne pas dormir, mais ça devient dur : avant d'embarquer, je n'étais déjà plus très frais, mais vers 6-7h du matin, ça devient terrible et je m'octroie 2 heures de somnolence entre les plateaux repas #25 et #26...



Tout a une fin et on finit par atterrir à Tokyo Narita, 28°, orage diluvien... 2h40 d'escale avec tous les clichés attendus : du poisson séché en bocal et du saké au duty free, des ados mangas en mini-jupes skaï et soquettes blanches et même des sièges de massage full électroniques à télécommande pour 100 yens les 15 minutes... J'explore un peu pendant que mon nouvel ami du Sud-Ouest est allé fumer une bonne moitié d'une des 4 cartouches Dunhill qu'il vient de s'acheter. Le coin fumeur fait envie, on dirait un wagon SNCF fumeur d'il y a 10 ans, mais de 20 m2 avec 120 personnes à l'intérieur. Enfin peut-être 100 ou 150, on ne voit pas bien dans le brouillard à travers la baie vitrée qui délimite leur quarantaine...

Devant la porte d'embarquement, un écran géant diffuse une émission japonaise spéciale "Beijing 2008". Entre la 15ème et la 16ème partie de ping-pong d'affilée (les japonais doivent être leader dans cette discipline ; c'est un peu leur escrime...), on apprend que Phelps vient de réussir sa mission impossible en égalant le record de Spitz.

L'avion a finalement une heure de retard...

On embarque à une certaine heure (je préfère ne plus savoir quelle heure il est en France...). Après la lassitude il y a la fatigue. Au delà de la fatique, il y a la mort. L'état dans lequel je me trouve est juste après... surtout lorsque je repense à la réflexion que je m'étais faite en observant le globe terrestre de mon fils quelques semaines auparavant : Tokyo-Nouméa (~8500 kms, 8h40 de vol), c'est à peu près équivalent, modulo une translation de 10000kms vers l'Ouest, à un Paris-La Réunion... sauf qu'on s'est déjà fait un Paris-Tokyo... Petit coup de mou...

Je tombe à côté d'une japonaise avoisinant la soixantaine, très organisée... Elle gonfle un coussin, sort des pantoufles en osier et de très longs gants qu'on peut prendre à première vue pour des chaussettes de ski. Elle se met ensuite en tailleur dans une position que seul l'asiatique peut maîtriser et dont le concept occidental le plus proche me semble être le noeud de chaise. Je suis alors coincé côté fenêtre et l'idée qu'à chaque fois que je vais me lever, il va falloir lui demander de défaire le noeud, m'angoisse passablement...

Miracle, à la fin de l'embarquement une rangée de 4 sièges est vide. Je m'y précipite sans trop forcer sur la politesse et je la partage finalement avec un autre opportuniste. 2 sièges et le couloir pour étendre les jambes, je me détends un peu...

Malheureusement, les orages monstrueux nous empêchent de décoller pendant... 1h30... On fait des essais de décollage (jamais vu ça !!!) où l'avion accélère 100m puis freine, sans doute pour tester l'adhérence. Ça rassure pas mal... On finit par rouler au moins 10 bornes pour changer de piste et un "PNC : décollage immédiat" dans le circuit audio nous indique que cette fois, on n'a plus qu'à espérer que l'adhérence soit OK. Les gens se regardent en souriant, de cet air désinvolte et blasé... qui précède de quelques secondes la panique...

On décolle dans les éclairs sans problème et le pilote indique qu'on va avoir quelques turbulences dans la montée. J'apprends ce jour-là que le pilote de ligne est un maître de l'euphémisme... Je ne sais pas vraiment comment nous n'avons pas perdu les ailes... L'avion flottait parfois comme non soutenu par l'air avant de tomber carrément de X mètres (avec X = au moins 100 au niveau de la sensation éprouvée) puis de reprendre d'un coup de la portance provoquant un plaquage au siège et un rétrécissement non négligeable de la colonne... Beaucoup de cris, de Ahhhh et de Ouhhhh, quelques vomissements. Le sourire de l'air désinvolte et blasé s'était quelque peu crispé et se voyait partiellement démenti par l'extrême blancheur des jointure des doigts rivés aux accoudoirs...

Ça ne dure qu'une heure... Un petit apéro, un film puis un plateau repas plus tard, je mets en oeuvre la tactique prévue consistant à dormir les 6 dernières heures pour me recaler comme si de rien n'était. Je mets mes boules quiès, absorbe un somnifère sans ordonnance, positionne mon masque occultant et... les 2 bébés du rang de devant se mettent à crier. Je constate alors que l'efficacité du somnifère aux plantes sans ordonnance est comparable à celles du désherbant bio ou l'anti-fooling sans plomb... Bilan estimé : ~2h30 de sommeil matiné de cris de bébé feutrés... Suis-je encore réellement vivant ?



Contre toute attente, on finit par atterir à Nouméa la Tontouta. Il est 9h, heure locale. J'ai peine à croire que ça y est, je suis arrivé... Il fait un beau temps pour la Bretagne : ciel gris acier... mais sans pluie pour l'instant... Il y a des gendarmes tout comme chez nous (sauf le salaire), le signe République Française sur le fronton du bâtiment : c'est un peu surréaliste.

Avant que j'ai le temps de m'inquiéter pour savoir comment j'allais faire les 50km qui me séparent de Nouméa et à quel hôtel je dois me rendre, j'apprends par les haut-parleurs que je suis attendu au bureau des informations. J'y vais après avoir déclaré que oui, je m'étais vacciné contre la fièvre jaune il y a moins de dix ans et que non, je n'avais dans mes sacs aucun saucisson ou autre camembert. La NC est a priori préservée d'un paquet de maladies et autres problème, et ils essayent de faire en sorte que ça continue... J'apprends sur le chemin qu'il faut faire gaffe aux moustiques et qu'il vaut mieux porter des habits longs et clairs que courts et foncés... Arrivés au bureau des informations, je ne vois personne et lorsque je m'en inquiète auprès de l'hôtesse, une main massive se pose sur mon épaule : "M. Milhaud ?"

Je me retourne et vois une sorte de John Lomu petit, c'est-à-dire 1m90, cheveux ondulés derrière le crâne, qui me sourit. C'est Claude. Il chausse approximativement du 60 et il est chargé de me déposer à mon hôtel. Il est avec sa femme, dont les cheveux sensiblement plus développés que les miens touchent l'arrière de ses genoux...

Claude s'avère super sympa. Il est kanak et m'explique plein de choses sur son pays pendant le voyage : les ethnies différentes (sa femme est wallisienne), les totems des différentes tribus, les aires coutumières, la prolifération des cerfs, l'augmentation drastique du coût de la vie locale, la division en très riches (plusieurs Hummers croisés sur la route...) et très pauvres (bidonvilles près de Nouméa), le commerce privé et florissant du nickel, le fait qu'en cas de pathologie grave, c'est la métropole ou l'Australie..., son sentiment sur l'indépendance du territoire (j'apprends que ça n'est ni un TOM, ni un DOM, mais un POM... : Pays d'Outre Mer), la recette du bougnat, les 5 sortes de mangue (j'adore !!!) qu'on trouve ici, le fait que le cagou (oiseau ne volant pas emblême de la NC) aboie dans la forêt comme un petit chien, etc. Il me fait visiter un peu Nouméa, du port autonome au port de plaisance, en passant par quelques-unes des 7 baies qui délimitent la ville : baies des citrons (mon voisin toulousain du Paris-Tokyo m'avait dit Baie des Nichons, sans doute un problème d'orthophonie...), baie de l'orphelinat, Anse Vata... Le soleil a percé les nuages et on distingue bien au loin la barrière de corail autour du plus grand lagon du monde. Les couleurs de l'eau avec ce soleil voilé donnent une idée de ce que ça va être si le temps se met au beau... Les platiers de corail autour des îlots voisins (îlot Canard, ilôt Maître) se détachent de l'eau bleu marine environnante, et des tâches turquoises des bancs de sable qui parsèment les alentours des rivages. Ça y est, cette fois, j'y suis...

Il finit par me déposer à mon hôtel et là, je tombe des nues... La suite demain...

À bientôt,

G.

vendredi 15 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #2

19h07 : déjà 2h dans Paris Charles De Gaulle. Encore 3h45 à tirer avant le vol pour Tokyo...

J'ai gratté 30 minutes en marchant lentement lentement jusqu'au terminal 2F. J'ai encore arraché 45 minutes en feuilletant Rock&Folk, Première ou Vélo vert au kiosque, debout. Puis le mal aux lombaires m'a terrassé et LA quête a commencé, la quête du geek en manque de 220V pour connecter son portable...

J'ai finalement trouvé mon bonheur près d'un vieux couple de japonais : il fait péniblement des Sudoku niveau 3 en tenant le magazine à 4mm de son oeil droit... Elle a une improbable cravate noire sur une tunique blanche évanescente et il ne fait aucun doute qu'elle porte le pantalon. Je ne ferai pas le malin sur le sujet.

Si j'ai si mal au dos dès que je reste debout, c'est parce que, en ruffian moyen, j'ai chargé le bagage à main de façon obscène pour éviter le supplément poids (30€ le kilo tout de même pour Nouméa...). En plus dudit bagage à main d'un maximum théorique de 12 kilos (si jamais on le pèse, je pars direct aux assises...), je porte une banane assez ridicule (néanmoins mon fils a trouvé, étonnamment, que je ressemblais à Batman avec... je me demande s'il ne s'est pas foutu de moi du haut des ses 11 ans...) et archi-pleine qui me permet de contourner habilement la règle du bagage à main unique. J'ai de plus suspendu à ma ceinture tout ce qui pouvait l'être (appareil photo, téléphone). J'ai évidemment mes habits les plus lourds, si bien que tout compris, je dois frôler le quintal. J'économise donc mes déplacements dans l'aérogare...

Et qu'est-ce que j'ai mis dans tout ça ? Plein de conneries électroniques dont mon portable (dont je ne me féliciterai jamais assez d'avoir choisi le plus léger possible), les innombrables chargeurs associés, des bouquins, une brosse à dents pour me rafraîchir l'haleine à Tokyo, mais aussi une combinaison néoprène et un lycra (et 1,5kg de grattés sur le bagage soute...).

Du coup, à Marignane, petit moment de gloire : 1 sac à 15,5kg (2 ailes de kite, les barres et le bordel associé) et l'autre à 14,5kg (mes habits, casque et harnais) soit un total de 30 exactement, pile la limite grâce à mes savants réglages sur le pèse-personne familial 2 heures avant (réduction drastique du nombre de slips (on n'en met sans doute pas de toutes façons là-bas), chaussures ultra-light, demi-tube de dentifrice, etc.). .

Ma performance n'a néanmoins pas tellement ému ma femme qui m'a fait remarquer qu'"avec la marge qui te reste, tu pourras toujours nous ramener des chewing-gum"... Un ange est passé, alourdi par d'énormes sacs de voyage...

Bon, je vous laisse, il est temps d'aller manger un sandwich hors de prix et passablement mou, en attendant les 45 plateaux avions à venir...

À suivre,

G.

jeudi 14 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #1

Le saviez-vous ? Je pars demain vendredi 15 Août pour 9 jours à Nouméa (euh en fait 5 jours à Nouméa et 4 dans les Boeing et autres Airbus)... pour le travail et l'honneur du service public. N'ayant pas hésité une seconde à sacrifier une semaine de mes vacances pour aller siéger dans le jury d'un concours de recrutement, je ne cherche pas ici les félicitations de mes concitoyens, ou autres apitoiements devant une abnégation de ce calibre. Non, j'y vais parce que je le dois, parce que chacun des agents de l'état doit donner un peu pour que chacun dans ce pays soit plus heureux. On ne peut pas toujours hériter des meilleures missions, en Normandie ou en Lozère en hiver... Il faut bien que quelqu'un fasse aussi le sale boulot, et là, c'est mon tour... C'est comme ça qu'une collectivité marche, et c'est là la fierté du fonctionnaire que je suis.

Donc demain vendredi 15/08 16h20 départ de Marseille Marignane et arrivée dimanche (oui vous avez bien lu dimanche) 17/08 7h20 à Nouméa La Tontouta (c'est le nom de l'aéroport et non pas une insulte kanak) via Paris et Tokyo...

Je suis un peu inquiet des 9 heures de décalage précédé des je-ne-sais-pas-combien d'heures d'avion mal assis avec les genoux qui frottent sur le siège de devant. J'ai les boules Quiès, les somnifères et les conseils avisés de mon collègue sur le caillou : surtout tu dors pas jusqu'à Tokyo, pour ça tu bois des coups tout le long (je sens que c'est une tactique gagnante...) puis tu dors sur le Tokyo-Nouméa... Ouais, on verra bien, mais je sens que si j'émerge avant mercredi c'est un miracle...

Bon, j'essaierai de vous donner des nouvelles ici un peu chaque jour.

A bientôt,

G.

mercredi 9 juillet 2008

CQEQM #1::Musique : les Fatals Picards

Pour inaugurer cette série de CQEQM (Conseil Qui n'Engage Que Moi), je propose un groupe atypique mais tout bonnement, et je pèse mes mots, exceptionnel : les Fatals Picards. Je vous propose une petite présentation avec plein de super liens vers des super vidéos pour compenser l'austérité du texte... Vous avez bien une petite heure devant vous, non ? Alors on y va...

Vus au festival Sanary sous les étoiles début Juillet, ce fut un concert (gratuit...) coup de coeur : monstre pêche, grosse présence sur scène, textes hilarants. Mais avec la frustration habituelle du live : 20% du texte nous échappe...

Je me suis donc procuré un échantillon de leur discographie et intéressé à l'histoire du groupe ici et ...

Quelques caractéristiques pour situer/résumer un peu les fatals :
- déconnants/déjantés ET vraiment drôles (essayez par exemple Seul et célibataire pour une premiere idée... et stoppez là votre lecture si ça vous a laissé de marbre, nous n'avons certainement pas le même humour...) ;
- ne se prennent jamais au sérieux MAIS dépassent néanmoins le cadre de la simple poilade : ils ont aussi (parfois) des trucs à dire... ;
- textes denses à écouter soigneusement pour ne pas louper un jeu de mots (parfois finaud, parfois à la con, mais toujours drôle), une pique gentiment assassine envers un people quelconque, etc.
- quelques autres chansons juste déjantées et mortellement drôles (le célèbre Goldorak est mort est un bon exemple...)
- beaucoup de parodies (Je viens d'ici (ma préférée), Cure toujours, Monter le pantalon...)
- musique simple (punk rock qui va en s'assagissant et à mon sens en s'améliorant au fil des albums) mais efficace et festive (difficile de s'enlever de la tête la mélodie de certains titres comme Bernard Lavilliers ou Française des Jeux entre autres)

Mais surtout ce qui fait pour moi leur originalité, c'est leur façon de ne JAMAIS faire de premier degré, de toujours utiliser la dérision pour faire passer leur message et leurs idées. Pas de militantisme direct du style "Ensemble contre le FN", "Gardez l'espoir dans les quartiers" ou "Sarko casse-toi" chez ces gens-là...

Non, leurs allusions sont toujours masquées derrière une blague, ou immédiatement tournées en dérision dans la phrase suivante. C'est une approche atypique, plus fine que la moyenne dans l'uinvers du rock français, mais qui peut être vue comme une sorte de cynisme, une attitude un peu "au dessus des partis" que certains pourront trouver agaçante.

Il y a ainsi peu de textes où les fatals se dévoilent vraiment (à l'exception notable des très réussis Mon père était tellement de gauche, Au mariage de Kevin et de ma sœur et La sécurité de l'emploi). On y lit, plus directement que dans le reste des titres, un ancrage à gauche assez clair mais toujours nuancé : une posture vraiment rafraichissante dans le paysage actuel...

Au niveau discographie, je le répète, ils n'ont fait que progresser, passant de punk rock énervé un brin inaudible avec arrangements minimum (Navet Maria (2001)) à des disques bien léchés avec livret sympa voire DVD bonus (Pamplemousse Mécanique (2007) et Public (2008)). D'aucuns, fans du départ, pourront regretter cette lente dérive et cet assagissement du riff de guitare (comme lui par exemple...). Je ne suis clairement pas de ceux-là.

Pour moi, leur disque incontournable est "Pamplemousse mécanique". Il n'y a, c'est rarissime, RIEN à jeter dans cet album que j'écoute en boucle depuis un mois. Donc, courez l'acheter si vous aimez avoir le CD original, ou téléchargez-le si vous êtes un des ces immondes voyous du Net dont on m'a parlé... mais alors allez au moins les voir en concert (par exemple pour les sudistes le 3/10/08 à Aix ou le 18/3/09 à Marseille, on se verra...).

En complément, on pourra voir ici une présentation des fatals par les fatals (clip EPK, fait pour le lancement de Pamplemousse mécanique) et plein d'autres clips... Il y a aussi leur page Myspace avec clips, photos, etc.

Voilà, vous me direz ce que vous en pensez...

A plus tard,

G.

jeudi 3 juillet 2008

Les chauves aussi ont des blogs...

Il faut savoir vivre avec son temps, et plonger dans le grand capital. J'avais besoin d'un blog ; le voici donc, créé chez Google, parce que c'est facile, rapide et (pseudo, je sais) gratuit. Et aussi que je n'ai pas à le maintenir techniquement et à updater les versions...

J'ai plongé dans la Matrice Google, c'est tiède et on y est si bien... En plus à mon âge, les pilules, il vaut mieux qu'elles soient bleues.

See you soon.