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mercredi 20 août 2008

Un fonctionnaire chauve à Nouméa #5 : jour 2 on the Caillou...

leIl y a un truc qui amortit (très) légèrement le décalage horaire : ici le soleil se couche tôt toute l'année (en ce moment ~17h45, une heure de mieux en été austral), du coup les gens pour profiter de la journée se lèvent très tôt. 6h est une heure normale, le marché commence même à 5h. Du coup, quand on sort du lit à 4h (i.e. 21h le jour d'avant heure française...) comme tous les touristes fracassés par le voyage, on n'a finalement que peu à attendre (aviron olympique sur SPORT+ (qu'est-ce qu'il peut y avoir comme aviron, c'est monstrueux...), obscur tournoi de golf US avec analyse du swing en image de synthèse, écriture des posts du blog, etc.) avant de pouvoir commencer la journée. Par exemple, le petit déjeuner dans mon hôtel est servi dès 6h et c'est tant mieux car comme je suis épuisé le soir je ne mange pas...

Donc à 6h ce matin, c'est passablement affamé que je descend demander si le petit déjeuner est compris dans ma réservation. Mais oui monsieur. Parfait. Je me choisis une table en bord de piscine entre un couple japonais à la retraite (depuis un moment...) et un autre couple australien de grande taille et sans femme visible, où le tee-shirt se porte troué et moulant et le sourcil percé d'un ou deux fils de fer tendance.

Waw !!!, m'écrie-je intérieurement en découvrant le buffet du petit déjeuner... Sans jumelles, on ne peut pas en discerner le bout... Bien que non équipé de mes chaussures de rando, je m'aventure sur le parcours avec mon assiette. Pendant le premier quart d'heure on ne distingue que du salé (saucisses, le bacon, oeufs, omelettes, fromage,...) que je décide de négliger. C'est à la fin du kilomètre 3 que je trouve mon bonheur : fruits frais, confiture de bananes et oranges 100% NC, croissants et pain de qualité métropolitaine, 25 sortes de thé, ça ira bien... Je m'hydrate un peu puis je charge tout et entame le retour vers la table. Il est 7h, je n'ai plus faim...

Dédé vient me chercher comme convenu pour une 1/2 journée de travail. Petit parcours en voiture jusqu'à la presqu'île de Nouville en passant par la désormais familière Baie des Citrons, puis celle de l'orphelinat et enfin le port Moselle (point de départ pour l'île des Pins, j'espère que je vous en reparlerai en fin de semaine...).

Je ne détaillerai le contenu professionnel de cette journée (car finalement, je vais y passer la journée...), qui n'intéresse personne. En revanche, parler avec des gens qui travaillent ici permet d'apprendre beaucoup de choses et de mieux appréhender le POM...

Tout d'abord l'effet de taille... Certes la Nouvelle-Calédonie est assez étendue. Mais la moitié de la population de l'île vit à Nouméa (~125000 habitants) et quasi toute l'activité professionnelle y est concentré. Donc, tout est assez petit, et tout le monde se connait. Les directeurs de structure publique, qui en métropole sont un peu inaccessibles, sont ici dans les mêmes locaux de quelques centaines de mètres carrés et mangent au même snack que les employés... Il y a une proximité, une accessibilité, qu'on ne peut trouver en métropole.

Autre conséquence de l'effet de taille : il est quasi-impossible de faire quelque chose sur Nouméa sans que toute la ville le sache immédiatement... Il y a toujours quelqu'un qui connait quelqu'un qui vous a vu hier soir à 22h au bar de l'Anse Vata avec untel... Donc avis aux intéressés, munissez-vous d'un masque de Mitterand, de José Bové pou de Claire Chazal si vous voulez faire de l'extra-conjugal ici...

En fait, la Nouvelle-Calédonie EST Nouméa. Il n'y a pas réellement, comme dans d'autres îles (Réunion, ou Guadeloupe), d'autres villes d'alternative professionnelle... Ça accentue pas mal le sentiment d'exiguïté à la longue.

Ensuite, l'appartenance... partielle à la France qui fait que c'est comme en métropole, certes, mais quand même bien différent.
- Ici le régime fiscal n'est pas le même, il n'y a par exemple pas de taxe d'habitation et la taxe foncière est faiblissime. Pas de redevance audiovisuelle non plus (en même temps, bien qu'on capte France Inter, l'offre audiovisuelle publique est ici limitée...) Les emplois à domicile sont seulement taxés à 25%, générant par exemple une grosse population de femmes de ménage...
- La monnaie est différente, c'est le franc pacifique (j'y reviendrai).
- L'extrême éloignement du POM a généré également des mesures particulières (primes spéciales pour missions, congés administratifs datant de l'époque où on venait en bateau et où le voyage durait 2 mois, etc.).
- C'est également le quasi-plein emploi (3 à 4% de chômage...) : quelqu'un disposant d'une qualification quelconque trouve du travail presque immédiatement. Par contre, les indemnités de chômage sont identiques pour tout le monde et très faibles (~700€).
- Les salaires publics sont plus forts qu'en métropole (coefficient 1,73) et du coup les salaires privés pour des métiers équivalent sont à peu près alignés.
- On me dit aussi que la vie est très chère, mais je ne l'ai pour l'instant pas constaté : le pain vaut 0,8€, 3 litres de bière dans un bar branché font 23€, un T3 bien placé vaut 300000€... C'est cher, mais pas tellement plus qu'en France, me semble-t-il pour l'instant... J'investiguerai un peu plus les jours à venir.

Ce qui fait également consensus auprès des interviewés, c'est la qualité de vie a priori très supérieure à celle de la métropole. Nature EXTRAORDINAIRE, délinquance faible, climat quasi-idéal, très bon point de départ pour une découverte approfondie de l'hémisphère Sud (Australie, Nouvelle Zélande, Fidji, etc.).

Mais il y a aussi des inconvénients, essentiellement liés à cet éloignement.
- Les gens viennent peu visiter leur connaissances depuis la métropole : le voyage est trop fatigant et trop cher.
- Les bons produits de France sont importés et se vendent à prix d'or. C'est le cas d'ailleurs de la plupart des denrées alimentaires.
- Les véhicules sont également très chers, mais contrairement à ce qu'on m'avait toujours dit, il est possible d'emmener le sien (peut-être y a-t-il alors une taxe massue ???).
- Peu de transports en commun sur l'île, et un réseau routier de mauviase qualité en dehors de Nouméa et des quelques routes principales : la plupart des routes intérieures sont des pistes nécessitant le 4x4 (d'ailleurs il y en a ici presqu'autant qu'à Marseille :) ).

Un petit point que je mets à part car il me tient à coeur : la connectivité de l'île à l'Internet est CATASTROPHIQUE. Elle est assurée pour l'instant par des liaisons satellites de débit ridicule (6Mb/s !!!) que se partagent tous les internautes calédoniens : l'île entière dispose de moins de débit qu'UN SEUL abonné à l'ADSL en métropole !!!. J'ai un slogan à proposer à l'équipe comm' de l'Office de tourisme : "New Caledonia : enjoy the modem island"... Ici, monsieur, on n'ouvre pas une page web sans réfléchir... et si on se décide, c'est TOUJOURS dans un nouvel onglet. On télécharge la nuit (et éventuellement toute la journée d'après...). La moindre des choses de la part des FAI serait de fournir à tout client un petit livret de sudoku afin qu'il puisse se distraire en attendant l'affichage des pages... Pour une connexion distante, c'est le syndrome du modem : on tape trois fois une touche parce qu'on croit qu'elle n'est pas prise en compte, et on a soudain 3 fois l'action au déblocage... En en plus, les connexions ADSL domestiques sont hyper-chères : 100€ par mois !!!

A priori, ceci devrait notablement s'arranger dès le 1/9/2008, date à laquelle le trafic réseau va désormais transiter par un câble sous-marin jusqu'à l'Australie, avec abandon de la liaison satellite et augmentation sensible des débits (mais rien de faramineux, on parle de 10 ou 20 Mb/s). Il faut le souhaiter car un Net lent, c'est finalament l'accès à un sous-ensemble du Net...et donc une fracture culturelle à mon sens majeure de nos jours (et encore plus dans ceux à venir)...

Sinon, une bonne nouvelle ce soir : j'ai désormais une voiture... Un véhicule de fonction était disponible car un personnel partait en métropole ce soir... Je roule donc désormais en clio gris métal et je fais le cake en Océanie avec RNC (ça n'est pas une faute de frappe, c'est Radio Nouvelle Calédonie...) à fond vitre ouverte... Si je mets fort c'est aussi parce que sinon, en clio, on ne te voit pas depuis les 4x4 locaux tiounés à mort avec pare-buffles et pneus de tracteur... On m'a filé aussi la carte Total pour l'essence : j'ai honte...

Une bière avec Dédé aux "3 brasseurs", le pub local sis à la baie des citrons, et au lit à 20h30. Demain c'est jour off, je vais me balader dans Nouméa comme un vrai touriste, petit futé apparent et appareil photo en bandoulière.

La nuit à venir m'angoisse légèrement : vais-je réussir à dormir ? ou me réveiller à 22h ? C'est le genre de gamberge qui devrait suffisamment m'occuper le cerveau pour assurer le réveil redouté à 22H... On verra bien.

A plus,

G.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

puisque tu parles de l'office de tourisme: va voir son directeur!
double champion du monde de planche à voile, il a fait ses études à Luminy. Michel Quintin.
Passe lui le bonjour de ma part!
JM